Aronnax a écrit : ↑26 nov. 2023, 12:30
... 1,618 : Je ne méconnais pas l'immense portée symbolique de cette "Divine Proportion".
Mais
je ne fais pas une fixette là-dessus, et je pense que le mystère des Deux Rennes ne sera pas résolu en allant rechercher de façon monomaniaque tous les 17, 1.618 et 3,14 au gré de nos occupations quotidiennes.
En plus, ça esquinte
Salut Aronnax, bonjour à tous,
Eh oui, " ça esquinte" !
J'ai déjà cité (je n'ai plus les références) ce cas d'un historien qui rédigeait un essai sur les anagrammes latines et qui après des mois de recherches s'était (heureusement !) rendu compte qu'il en trouvait partout, ce qui l'avait épouvanté et conduit à abandonner ce genre de recherches ! J'ai expérimenté moi-même cette programmation du cerveau induite par la concentration. C'était fort plaisant au début, chaque fois que je regardais l'heure, heures et minutes étaient identiques : 10 h 10, 16 H 16... Et je pensais il est 10,10, il est 16,16. Au bout de quelques jours c'est devenu lourd, j'en eu marre, j'ai cessé de regarder l'heure sur des horloges sans anguilles !
Ceux qui pratiquent intensément la méditation savent que personne ne peut les déranger durant l'expérience, et c'est troublant (au début) de constater que, dès son arrêt, le téléphone ou la sonnette retentissent.
La centrale d'énergie qui anime le corps possède une intelligence infiniment plus vaste que la pensée raisonnante, en prendre conscience multiplie les véritables synchronicités telles qu'exprimées dans "Le scarabée d'or", pas celui de Poe :
Lors de ses séances de psychanalyse, Jung assista à des synchronicités spectaculaires, comme celle du scarabée d’or. L’une de ses patientes était bloquée dans sa thérapie à cause de son rationalisme cartésien. Un jour, elle lui raconta un rêve dans lequel elle recevait en cadeau un scarabée d’or. Soudain, un bruit se fit entendre à la fenêtre. Jung se rapprochant vit que c’était un insecte qui cognait à la vitre. Il ouvrit la fenêtre et l’attrapa au vol, à sa grande surprise, il vit qu'il s’agissait d’une cétoine dorée. Jung montra à sa patiente le coléoptère en lui disant : Le voilà, votre scarabée d’or ! Cet enchaînement fortuit provoqua un tel choc chez la patiente, que son blocage disparu.
Selon certaines doctrines orientales (et Shakespeare, et Matrix
) nous vivons (dans) un rêve, et les synchronicités n'ont pour but que de nous réveiller ! Il est plaisant d'écrire un mot et de l'entendre à la radio en même temps, cela contraint à vivre l'instant présent, mais entraîner son cerveau dans le cadre d'une recherche à repérer des coïncidences
qui n'apportent rien de concret à bref délai est non seulement contreproductif mais finit par rendre paranoïaque !
Lire sur ce sujet sensible Lionel Naccache, neurologue et chercheur en neurosciences cognitives :
... chacun d'entre nous est en permanence en train d'élaborer des hypothèses, des constructions, des fictions. La seule vraie différence, c'est que, lorsque vous êtes neurologiquement sain, vos fictions sont contraintes par le réel. Nous incorporons les données du monde extérieur pour corriger nos scénarios, pour mettre à jour nos fictions. La fiction est souvent difficile à voir, mais elle apparaît dans les situations où la réalité extérieure a peu d'effets : les souvenirs anciens, les hypothèses sur les extra-terrestres, les croyances religieuses... Nous ressemblons alors davantage aux patients qui déploient leurs interprétations à l'abri de pans entiers de la réalité.
Vous parlez du libre arbitre.
Si on regarde les choses du point de vue de la conscience et qu'on se demande où se loge la liberté humaine, il y a quelque chose de vertigineux. On peut se dire : on manipule des fictions, on y croit, elles guident notre vie, et, en même temps, elles sont illusoires, ce sont des faits de croyance. Et pourtant, du fait même qu'on y adhère, ces fictions nous permettent de gouverner des comportements, des décisions. Peut-être que notre seul ressort de liberté, c'est ça, cette illusion première. Notre liberté est quelque chose d'infime, mais c'est là qu'elle se joue, sur une illusion qui nous donne une toute petite marge de manœuvre. Cela relativise la notion de liberté, et pourtant, cette part de fiction est la source même de notre liberté.
https://www.liberation.fr/livres/2006/1 ... ion_60792/
Le cerveau comme "salle de montage de cinéma" :
https://www.caminteresse.fr/sciences/co ... -11158882/