Café de Rennes le Chateau:

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Jasmina31
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Re: Café de Rennes le Chateau:

Message par Jasmina31 »

Je vous donne un extrait du livre : Cathares et Protestants que vous pouvez commander ou lire sur le net via ces deux liens
https://www.decitre.fr/livres/cathares- ... 40595.html
http://4e9e494b44958aad90744383dc3fc770 ... es.com.br/

On y trouve des réponses sur les protestants de l'Aude et leurs "grandes familles"
Mettre l'article sur le forum va demander plusieurs posts mais cela va expliquer l'attaque de RLC en 1573 et vous verrez comment cette histoire a été manipulée . On y trouve la liste des églises protestantes établies dans "notre" région ....de quoi vous laissez sur le .... pouet (je dois rester polie )

La lecture de cet extrait est une mine de renseignements historiques ... et on ne s'éloigne pas de ce qui nous intéresse (bas les pattes sur ces posts )

§ Les traces et les relais : « Pays rebelle et réaction annoncée » p.111-140. « A la fin du XVIe siècle, le destin des Pyrénées dépend largement de l’issue des combats entre France et Espagne. Les Pyrénées ne compteront presque plus aux XVIIe-XVIIIe siècles dans la géostratégie des nations, mais les jeux n’étaient pas faits à notre époque » Nicole Lemaitre, préface à Serge Brunet, « De l’Espagnol dedans le Ventre ! » Les catholiques du Sud-Ouest de la France face à la Réforme (vers 1540-1589), Paris 2007, p.10.
« Ceux de la religion se voyans surpris, pourveurent à leurs affaires comme ils peurent, les uns se cachans, les autres se sauvans, & y en eut de tués dedans la ville & aux champs ; la pluspart des fugitifs se retira à Montpelier » Théodore de Bèze -Histoire Ecclésiastique ; tome I p. 476, 477- parlant des protestants de Béziers pourchassés par Joyeuse en 1561.
« En guerre tout est incertain et tous les calculs se font avec des grandeurs variables [...] (Une défaite implique) des hasards et des incidents si ténus qu'ils ne figureraient dans l'histoire qu'au titre d'anecdotes », Clausewitz, De la Guerre, 1832, cité par Alan D. Beyerchen, « Clausewitz : non linéarité et imprévisibilité de la guerre », International Security XVII, 3 (1992-93), trad. française sur le net.
Mémoire ici, amnésie là-bas ? La corrélation entre le protestantisme et le catharisme, tel un va et vient à la fois identitaire et déstabilisateur, procède d’une redécouverte générale qui touche, à l’époque de la Réforme, toute l’Histoire du Midi ; mais aussi qui s’appuie, en dessous du discours majoritaire, sur d’éventuels, et bien naturels, relais locaux qu’il ne nous est pas facile, évidemment, de désigner de façon assurée.
Telle famille anciennement cathare a dû garder la mémoire des biens perdus, des souffrances accrochées à un lieu, des cérémonies cachées. Une autre pas… Ou bien, ont été conservés, de façon diffuse, avec sans doute des erreurs, ou de façon inconsciente, quelques souvenirs, imprécis, se rapportant à d’autres, parents ou voisins présents ou disparus, autour de traces enfouies, non sans décalages et transpositions ..
D’après les archives de l’archevêque de Narbonne (cf. Pierre Bascou, Bulletin de la Soc. d’études scientifiques de l’Aude, Carcassonne 1996), Hugues Espeut est accusé d’avoir voulu livrer en 1574 aux huguenots le château d’Auriac, village isolé des Hautes Corbières entre Mouthoumet et Peyrepertuse.
Ce qui se fera quatre ans plus tard. Mais par quel autre relais ?..
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Jasmina31
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Il nous est impossible de dire où, à côté de quel mur, de quel village, de quelle zone languedocienne et pour quelle famille, le souvenir cathare fut motivant, ou pas, à l’heure de la Réforme.
Nous ne saurons peut être jamais ce que pouvait représenter ce dénommé Bernard de Padern (Arch. Aude H 418, f 78v°)… Son patronyme, pyrénéen, porté tantôt par un forgeron de Toulouse, reste très rare. Il fait référence, peut être indirectement, au village, Padern prés d’Auriac et de Peyrepertuse, situé aux limites de l’Aude et des Fenouillèdes dans les Pyrénées-Orientales. Auparavant, Guilhem de Padern seigneur du lieu avait été un des chevaliers au service d’Olivier de Termes (Cf Gauthier Langlois dans F. Poudou et G. Langlois, Canton de Tuchan, Vilatges al país n° 9, Narbonne 2003 p. 272). Deux siècles plus tard ce Bernard de Padern, clerc et étudiant, est cité à côté d’autres accusés de luthéranisme à Toulouse, donc participe par cela à une des premières images du protestantisme en Languedoc à côté de Badet, dans le sillage du professeur Jean de Boissonné, du docteur régent Mathieu du Pac, et de « De Caturco » / « Cadurco »…
Entre les XIIIe et XVIe siècles, plusieurs villes du Midi avaient diminué de moitié. Sans doute, cette tragédie dut effacer le regret vraisemblable de l’extinction du catharisme -qui s’était pourtant reconstitué avec vigueur autour des frères Autier au XIVe siècle-, alternative chrétienne exigeante dont on n’a plus, ensuite, la force de parler !.. L’ensemble du Midi comme toute l’Europe, fut touché par un effondrement démographique, et particulièrement dans certaines zones comme les Corbières (« la diminution de feux atteint selon les villages 35 à 70% en Termenès » écrit Gauthier Langlois). Le vide audois que nous allons évoquer, sans doute à mettre en parallèle avec le vide nord-montpelliérain entre le Pic-Saint-Loup et les Cévennes (pour l’implantation protestante), serait peut-être d’abord un vide démographique et économique.
Les régions de fort repeuplement au XVIe siècle ne sont pas les mêmes que les zones dynamiques au Moyen Age : dans l’Aude ce sont les basses terres et le Chemin français qui attirent les hommes et les cultures au détriment des Corbières forestières ou incultes - où les garrigues gagnent-, menacées en outre par l’Espagne. « La seigneurie languedocienne du XVIe siècle reste un modèle prestigieux. Mais elle est presque inexistante comme source de richesse » écrit Emmanuel Le Roy Ladurie. La vague de repeuplement se serait propagée d’ouest en est et du nord au sud le long du golfe du Lion dans ce qui n’est pas encore le vignoble languedocien tel que nous l’avons connu.
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Jasmina31
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Message par Jasmina31 »

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1.1- Implantation par confession
Le déplacement démographique explique et complexifie sans doute aussi le déplacement hérétique.
La cité de Carcassonne, qui représente la reconquista des croisés et l’Inquisition romaine, restera catholique ; la ville basse en revanche opta, un temps, pour le protestantisme. Parmi ceux du pays cathare, ce ne sont pas les habitants d’Arques (en Corbières, sous la domination des Voisins-Joyeuse), de Cabaret (dans la Montagne Noire, ancienne cité épiscopale-cathare depuis longtemps détruite), de Fanjeaux (devenu haut lieu dominicain) et de Montaillou (zone frontalière, en partie désertifiée) qui ont prêché la Réforme. Celle -ci vient d’ailleurs, du livre, donc du bourg, de la bastide moderne. Les populations des bourgs et villes de Lanta, Caraman, Revel, Puylaurens, Montauban, Castres ou Mazamet ont rapidement reçu l’appel contestataire du siècle de l’imprimerie. Sous la loupe, peut-être insignifiants pour les protestants du XVIe siècle (ou pour les découvertes actuelles à partir d’archives ?), Verdun-Lauragais, village tout cathare au XIVe siècle, ou Cammazes aux bords occidentaux de la Montagne Noire, à coté des ruines du castrum de Roquefort, ne semblent pas concernés. Théodore de Bèze raconte avec horreur les tortures d’une huguenote née Roques, veuve d’un menuisier Laverne, morte en rentrant chez elle près de Sorèze, et auparavant, l’exécution d’un laboureur de Saint Ain ( ?), près de Dourgne, ancien prêtre passé à la Réforme, conduit par les soldats du seigneur Antoine de Vésins (marié à une dame issue de la famille Roquefort-de-Cammazes), sur une haute tour au dessus de Sorèze (castrum de Durfort ou peut-être de Roquefort ?), puis « arquebouzé » par un moine de l’abbaye...
Sur une autre « vieille tour » en Haute Ariège, au dessus des Cabannes et de Tarascon, d’autre part, le même Théodore de Bèze présente les frères Lombats, « brigands » -anciens routiers sous les ordres de Monluc en Gironde-, devenus, du point de vue du pasteur de Genève, « gens de bien », i.e. surveillants pour la cause huguenote !
Les Lombats sont probablement descendants d’une lignée cathare. Des croyants hérétiques du même nom avaient été dénoncés par trois registres de l’Inquisition à Tarascon-sur-Ariège précisément .
L’albigéisme, ou réputé comme tel, concerna :
- d’un côté, le sud de la Drôme vers 1112-1133 et les portes de la Camargue avec la prédication provençale, puis le bûcher à Saint-Gilles, du mystérieux Pierre de Bruis,
- puis, l’ouest du Languedoc, pour suivre la Garonne et remonter jusqu’à l’Agenais et Marmande en Aquitaine,
- et au sud, les Pyrénées, piémont et Hautes vallées, en remontant la boucle de l’Ariège ( au XIIIe siècle : époque marquée par Montségur ; et au XIVe siècle : époque qui concerne l’histoire de Montaillou- le Sabarthès et le pays de Sault-).
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Qui n’a pas été saisi de réaliser que la Réforme protestante, deux siècles plus tard, intéressa globalement la même région ?
Toutefois, en regardant de plus près, la correspondance apparaît moins nette car gênée par un certain décalage et plusieurs hétérogénéités.
Relativisons pourtant cette nuance.
« Les Corbières ne sont pas une autre Cévenne » regrette Patrick Cabanel.
1.2- Le vide audois
Déjà en 1967, Emmanuel Le Roy-Ladurie, dans Histoire du Languedoc (sous la direction de Philippe Wolff, Toulouse 1967, rééd.2000, p. 318), relativisant « la soudure logique, en terre d’oc » entre catharisme et protestantisme, mentionnait les régions audoises. Il notait toutefois (à partir de quelle information ?) en minimisant le lien : « quelques braises cathares couvaient encore sous la cendre ainsi dans la région de Castres ». La continuité hérétique serait, selon lui, plus à trouver du côté de la Durance, qu’en réalité du côté de la Garonne et de l’Aude…
« L’Aude actuelle, terre classique du catharisme, n’est pas devenue un haut lieu de la Réforme » répète-t-on depuis que les choses semblent prouvées. L’historienne du seizième siècle huguenot ou « calviniste » avait en effet écrit : « Il y a le problème audois. Pourquoi ce vide, cette absence alors que quelques siècles avant le pays a connu l’hérésie cathare ? Non pas que nous établissions une liaison entre catharisme et protestantisme ; de cela nous nous gardons fort. Mais on peut s’étonner d’un tel silence devant l’appel protestant alors qu’il y a eu antérieurement une réponse affirmative aux appels du manichéisme (sic) » : Janine Garrisson, Protestants du Midi 1559-1598, Toulouse 1980, p. 64 ; Jacques Godechot avait posé le problème dans la préface : « d’abord se pose une question qui n’est toujours pas résolue : Dans quelle mesure le protestantisme méridional est-il l’héritier du catharisme ? », ibid. p.3.
L’intervalle entre les deux époques phares induit la probabilité d’un assez compréhensible décalage géographique.
Napoléon Peyrat, « l’inventeur » de Montségur, à qui l’on peut reprocher un style exubérant, exagérément enflammé, assumait cet écart : « Au XVIe siècle la fusion des vainqueurs et des vaincus du moyen âge n’était pas encore complète dans le Midi » regrettait-il, tout en proposant une ouverture.
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Jasmina31
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1. 3- Huguenots malgré tout
Ecrasée, ensuite méprisée -les vainqueurs ne se souviennent que des exactions des vaincus-, la Réforme audoise a pourtant existé.
Elle débute avec Jean de Caturco /Cadurco de Limoux où celui-ci rencontre plusieurs futurs intellectuels toulousains. En 1532, dans la capitale du Languedoc, devant le Parlement, feu palais des comtes de Toulouse, place du salin, il est présenté devant 32 prévenus d’hérésie luthérienne et humaniste. Un de ses proches, étudiant en droit à Toulouse, avait été le célèbre Michel Servet, médecin espagnol et futur théologien antitrinitaire. De Caturco est dégradé, déchu de ses titres et privé de sa tonsure, puis brûlé vif. Avant de mourir il avait harangué la foule et contredit par sa connaissance de la Bible le sermon de son accusateur. Le fait qu’il ait été dominicain n’enlève en rien son esprit dissident ; son ami Arnaud Badet, inquisiteur à Toulouse, qu’il connut aussi à Limoux, fut, entre autres, lors de son procès, accusé de complaisance à l’égard des marranes, associé à l’hérésie des Béghards, coupable d’astrologie, de fornication (« il entretenait une femme ») et d’homosexualité.
Le fait que le nom de Caturco soit traduit par « de Cahors » ne signifie pas qu’il soit originaire des Causses lotoises et du Quercy: le manuscrit 609 de l’Inquisition de Toulouse nous parle d’un croyant cathare Pierre de Caturcino de Prunet (dans l’actuel département de la Haute Garonne), ainsi que de Caturco, autre croyant cathare, de Marzens, entre Lanta et Lavaur ..

De la même façon que pour les cinq Eglises de la Haute Ariège (2 en Sabarthès , 3 au sud de Mirepoix) oubliées au profit de l’implantation protestante, effectivement plus durable, autour de Saverdun ou du Mas-d’Azil ( 7 Eglises locales), souvent les historiens négligent les sept ou huit Eglises dressées, au XVIe siècle, dans la Haute vallée de l’Aude et l’ouest audois : Eglises de Bugarach (avant 1577) , d’Alet (avant 1577), de Limoux (1562), de Brugairolles (avant 1585) , de Carcassonne (1561), de Saissac-Saint Denis (avant 1561), du Mas-Saintes-Puelles (1578 ou 1592) et de Castelnaudary(1562) !..
Je cite en premier dans cette liste le village de Bugarach, au pied du sommet le plus haut des Corbières, en premier par étonnement (le lieu, isolé, est loin de la voie Toulouse-Béziers) conscient que ce fait (comme celui de la présence de protestants à Fourtou) peut s’expliquer aussi par une volonté stratégique d’occuper le haut du pays comme lors des séjours en Cerdagne et Capcir et faire pencher notre compréhension du protestantisme pyrénéen en faveur ici d’une implantation de troupes plutôt que de populations locales ! Prouzet (ci-dessous p. 36, reprenant les travaux de Douais) écrit :« des huguenots partis de Bugarach occupent les villages de Cubières et Fourtou, voisins de Couiza, et gràce à la complicité des habitants de Villerouge-Terménès.. » (c’est nous qui soulignons) « …vont inquiéter Mouthoumet. » Nous avons évoqué plus haut le passage de Jean Brunet à la Réforme ( à partir des travaux de Pierre Bascou cf. « Jean de Brunet, Seigneur d’Auriac, Bouisse» op.cit., p.107-1112). Que serait devenue la région des Corbières si Jean Brunet futur seigneur d’Auriac, de Bouisse, propriétaire à Villerouge en Terménès et à Coursan en Narbonnaise, n’avait pas rejoint si tôt le camp des Joyeuse ? Brunet ne fut pas comme Crussol qui abjurera le protestantisme beaucoup plus tard ( ce qui permis aux populations d’Uzège et de Drôme Ardèche d’enraciner dans le Midi la « Religion prétendue Réformée ») !
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Jasmina31
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Faut-il ajouter à cette liste d’autres lieux pris, déclarés hérétiques ou occupés par les hérétiques :
- en Hautes Corbières : Campagne, Belvianes, Artigues, Axat, Saint-Just-le Bézu, Rennes, Serres, Fourtou, Cubières, Peyrepertuse ?
- En Razès : Fa, Rouvenac, Antugnac, Festes, Tournebouls, Cournanel, Magrie, Ajac, Lauragel, Alaigne, Cambieure ?
- Au tour de Saint-Hilaire et du Val-de-Dagne : Greffeil, Ladern, Monze, Villar-en-Val, Laroque-de-Fa ?
- A l’ouest du Carcassés ou Lauragais audois : Pennautier, Cailhavel, Alairac, Montréal, Bram, Besplas, Rascous (près de Villasavary), Souille, Airoux, Baraigne, Villeneuve-la-Comptal ?
- Dans les la Montagne noire : Issel, Roquefère, Cuxac-Cabardès, Villeneuve-Minervois, Villemagne, Villepinte ?
Gilbert Larguier qui a beaucoup travaillé sur l’exception narbonnaise (« Narbonne bastion papiste »), coupant la continuité sudiste du croissant huguenot, a dressé récemment la carte de cette présence ou passage de troupes huguenotes dans l’ouest audois.
C’est ultérieurement, que l’inévitable ras de marée « papiste » submergea cette tentative ratée de basculement vers le camp « prétendu réformée » ! Au moment de l’édit de Nantes, il ne subsistait dans l’Aude que deux Eglises, celle du Mas-Saintes-Puelles et celle de Castelnaudary ; non totalement isolées, elles restaient en lien avec les colloques protestants du pays de Foix, du Lauragais et du Haut-Languedoc..
En 1632, les consuls de Montréal d’Aude, selon une ordonnance royale, doivent faire disparaître les constructions « en briques » que les religionnaires avaient ajoutées pour servir de chemin de ronde aux murs médiévaux (en pierre) de la collégiale Saint-Vincent moins d’un demi-siècle auparavant.
Le curé du Mas-Saintes-Puelles note 8 abjurations « vraies », juste avant la Révocation et 16 abjurations, d’octobre 1685, déclarées « douteuses » ou « fausses ». Le recteur précise quelquefois dans la marge de son registre « mort huguenot » ou « relapse ».
La dernière trace de la vague huguenote dans l’Aude se trouve au château de Paulignan au pied de la Montagne Noire prés de Trausse-en-Minervois. Successivement, à quatre reprises, dans l’année 1686, doivent abjurer la RPR (la religion prétendue réformée) trois générations de la famille de Saïx, dont la marquise de Citou et celle de Bonafous. Issue de Mazamet, une timide renaissance protestante dans le diocèse de Carcassonne ne précèdera que de quelques années la révolution française.
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grominet
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Modifié en dernier par grominet le 06 janv. 2021, 11:09, modifié 1 fois.
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Jasmina31
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Re: Café de Rennes le Chateau:

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Entre Caturce et de Saïx, c’est presque une deuxième épopée en partie découverte par Jean Prouzet (1902-1984, érudit du Carcassès qui fut médecin à Toulouse -note : Prouzet fut électro-radiologue à Toulouse et spécialiste de cette pratique, donc historien amateur. Il écrivit deux articles dans le Bull. de la Soc. d’Etudes Scient. de l’Aude en 1978 et 1979. Son ouvrage (imprimé à Tulle en 1975, mais travaillé dans les années 60), est basé essentiellement sur les documents d’archives (comptabilités de guerre etc..), particulièrement utiles pour l’encrage géographique audois. Dix à vingt ans plus tard, les travaux de Georges de Capella, ancien maire du Mas-saintes-Puelles et ancien bâtonnier à Toulouse (« aspects du prot. dans le consulat de Mas-Saintes-Puelles » Bull. Soc. d’Etudes Scient. de l’Aude, op.cit., p. 31-38), sont du même ordre : précis et exagérément prudents. Toutefois maître de Capella put travailler sur les archives de son village (différents compoix, registres municipaux et registres d’abjurations) qui permettent une vision « plus de l’intérieur » de l’hérésie vaincue : les destructions d’église et couvent au Mas en 1570 ne sont pas le fait d’agents extérieurs (les soldats de Coligny) mais des habitants du lieu Jean Vazes, Bernard Garrigues et Bernard Carabul(l)e et leurs épouses. ) Entre Caturce et de Saïx, c’est presque une deuxième épopée en partie découverte par Jean Prouzet (1902-1984), aventure qui traverse l’Aude, sans doute, parce que mal décodée, moins « chevaleresque » que la première, comme l’aurait souligné Napoléon Peyrat !... Sans doute parce qu’il manque aux « bandoulier » protestants des Corbières et du Chemin français ( A61 et voie Aquitaine romaine) quelques descriptions personnelles ou d’intégrations sociologiques (que nous avons en revanche pour l’époque cathare avec les registres de l’Inquisition qui donnent corps à l’Histoire) . La triste épopée huguenote « religionnaire » raconte les cruelles exactions dont on les accuse ! Elle correspond, a minima, à une attitude religieuse retournée : l’huguenot est un « routier », ou un anticlérical…
1561 : reprenant les travaux du père Bouges et des bénédictins de Vic et Vaissette, Prouzet expose les troubles à Carcassonne qui suivent la profanation d’une statue de la Vierge par les religionnaires. Parmi lesquels : Guillaume Maig, Ramon de Poix, André Coinctes (Saint-Couat), Pierre Bonnet, Guiraud Bertrand, Guillaume Saval seront massacrés. Jean de Montredon seigneur de Gasparols, François Geoffroy, Raymond de Saix, Paul de Saint-Cyran, François Desmaisons sont condamnés par contumace.
1562 : chassés de la ville après un prêche, plusieurs centaines de protestants de Carcassonne, protégés par Belissen de Saint-Couat, se refugient à Limoux ou en Val-de-Dagne (derrière l’Alaric).
Plusieurs Bélissen (de) furent cathares en Lauragais (particulièrement à Fanjeaux) ; les Bélissen de Saint Couat ou de Malves-en-Minervois absous (comme anciens hérétiques) et anoblis au XVe siècle devinrent d’abord seigneurs de Limousis (en Cabardès) et gouverneurs « des tours de Cabaret ». Après leur épisode protestant, ils se seraient inventé (comme seconde réhabilitation) une participation à la Croisade du côté de Simon de Montfort (cf. M. d’Aubais, Pièces fugitives, 1759, II, p.13 ; La Chesnay, Dict. de la noblesse, 1786, t.II, p.290). L’homonymie cathare pour Saint-Couat renvoie semble-t-il à Saint Couat-du-Razès.
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Re: Café de Rennes le Chateau:

Message par Jasmina31 »

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Encore, en 1567, les petits chefs huguenots : Pierre de Belissen seigneur de Saint-Couat, Louis Berne seigneur de Cuxac, Pierre de Saix seigneur de Polignan, Antoine de Bélissen seigneur de Malves et Bathélémy du Ferrier ,seigneur du Villa(r), essayent vainement de s’emparer de Carcassonne. Les huguenots, partisans d’une lutte armée, appartiennent à la classe de « pauvres gentilshommes de petit lieu » pour lesquels il convient de citer, toujours pour l’Aude, en plus des 5 précédents : Thomas de Durfort seigneur de Deyme, Guillaume de Rieux, Castelreng seigneur de Gindanes, le seigneur de Comelles, de Raissac, de Belvèze, de Vinholes auxquels s’affilient des capitaines de combat : Rocles, Fournier, Beulaigne, Chamion, Bacou/ Bacon contre lesquels les populations locales feront quelquefois appel.
1572 : la Saint-Barthélemy touche peu l’Aude ; mais les protestants de Béziers à Carcassonne ont conscience des massacres toulousains.
1573 : un dénommé Sauret de Montlaur cherche, mais en vain, à livrer le bourg de Lézignan aux réformés. Les villages de Barbaira et de Capendu ont la réputation jusqu’à la fin du siècle d’être traversés par les « bandoliers » huguenots !
1580 : Jean de Graves, seigneur protestant qui s’était emparé de Peyrepertuse, se rend aux autorités royales venues de Carcassonne qui le font pendre « avec ses complices » au nom de Montmorency ( !); à la fin de l’année, les Hautes Corbières (Axat, Bugarach, Fourtou, Cubières) plient devant le nouveau pouvoir !
Les travaux de Prouzet, à partir de cette période, dépendent prioritairement des différents fonds d’archives (Hérault, Aude). Les conflits apparaissent alors, et encore plus nettement vers 1587-89, selon les comptes rendus qui leurs sont faits, comme des faits prioritairement politiques:
-Montmorency-Damville chef militaire du côté catholique, fait alliance avec les protestants ; inversement certains villages qui s’étaient déterminés du côté huguenot rejoignent « par de subtiles persuasions » le camp de Ligue.
-Jacques de Voisins commande pour Joyeuse, le vicomte Jean de Levis de Mirepoix pour le côté de l’union : mais les deux camps sont catholiques.
On peut être surpris dans le chapitre VIII du livre de Prouzet que les guerres de religions ne concernent plus le protestantisme en tant que tel, mais les craintes et les positions politiques à son sujet. Les conclusions de 1596 seront nettement favorables à la Ligue tout en permettant un retour progressif au calme et à la quiétude.. Quand l’édit de Nantes est promulgué, ce sera trop tard pour les protestants de l’Aude ; ce que Jean Prouzet ne regrette pas, concluant plutôt sur la quantité des malheurs encourus, heureusement dépassés par la suite, car oubliés !..
Face à la présentation scrupuleuse et précise du docteur Prouzet, l’universitaire Philippe Wolff, préfaçant Les guerres de religion dans les pays d’Aude 1560-1596 (sans faire bénéficier son ami d’une édition chez l’éditeur toulousain Privat dont il dirigeait une des séries), restait incrédule : « Le rôle éminent joué par ce pays dans la crise ‘albigeoise’ nous est relativement familier, et l’on a pu dire qu’il avait été l’une des principales zones d’implantation cathare. En revanche, sa participation aux guerres religieuses du XVIe siècle apparaît beaucoup plus effacée surtout par comparaison avec l’épopée de la Cévenne ». Ce que nous contestons !..
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Re: Café de Rennes le Chateau:

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Le protestantisme « des routiers » doit être posé comme difficilement compréhensible, il ne s’est pas exprimé lui-même, mais fut repéré seulement de l’extérieur, comme « estranhièr », par ceux qui l’ont défait !..
Il fut important dans l’Aude et peut soutenir une comparaison avec le Languedoc oriental ! Mais, doublement dévalorisé, il y fut d’abord particulièrement diabolisé.
Dénoncé comme saccageant l’arrière pays pyrénéen et la Montagne Noire, peut-être fut-il l’indice d’une revendication trop radicale ? Ce qui aurait desservi sa cause ... Et Philippe Wolff d’ajouter, faisant certainement référence à ses importants travaux sur l’économie de la région toulousaine au XVe siècle : « Si les différences entre XIIIe et XVIe siècles sont sensibles, c’est sans doute en raison de la modification, entre temps, du contexte général : différenciation économique croissante entre ‘bons’ et ‘mauvais’ pays, emprise marquée des grands centres urbains et de leurs relations. »
La sénéchaussée de Nîmes-Beaucaire au Moyen Age semble avoir dû encadrer au début une petite noblesse moins brillante dans une zone moins riche que celle de Béziers-Carcassonne et celle du domaine de Toulouse. Avec l’installation des croisés sur des terres expropriées, de l’Ariège à la Narbonnaise jusqu’en Albigeois, les choses semblent s’être inversées préparant des changements considérables pour l’époque moderne. La noblesse occitane en toulousain s’est toutefois mieux maintenue que dans le diocèse de Carcassonne. Sans doute faudrait-il comparer les deux Languedoc à l’époque cathare et l’époque protestante d’un peu plus près. Evidemment l’analyse s’avère extrêmement technique et plusieurs fois empoisonnée.

1. 4- La conquête de l’est
Le développement de Montpellier, ville anciennement majorquine, est favorisé, à la fin du Moyen Age, lors de son acquisition par la couronne de France. Dans Histoire de Narbonne ( Toulouse, 2004, p.172), Jacqueline Caille explique que cette croissance montpelliéraine, dans le contexte des difficultés économiques et structurelles de l’est audois : « accentue ce drainage des activités dans cette direction » …
Nous pensons que cette orientation se trouvera encore accélérée au XVIe siècle : Guillaume (de) Contour (Coutour /Comtour) est condamné comme protestant à Narbonne (1554), sa famille s’installe à Montpellier. Se serait-il dit « originaire de Macon » pour préserver les siens ? Le patronyme Coutou(r ) fut porté par des croyants cathares et un « parfait » de Lanta. La famille Contour sera parmi les plus influentes de l’Eglise réformée de Montpellier.
De 1549 à 1560 plusieurs protestants du Midi émigrent à Genève : 45 habitants partis de Nîmes, 45 partis des Cévennes, 16 d’Alès, 23 partis de Toulouse (dont Antoine de Lautrec de Saint-Germier), 14 partis du Gers, 17 du Lauragais et du Comminges, 41 du Tarn, 37 du Tarn-et-Garonne, 12 de l’Ariège, 10 de l’Aude (dont Raymond Laurent cordonnier de Fanjeaux -famille qui connut auparavant des cathares à Fanjeaux-), 18 héraultais de l’arrondissement de Béziers..
Cette liste [Que soit remercié chaleureusement le professeur Raymond Mentzer, qui m’a transmis le précieux fichier qu’il a établi à partir des registres du Parlement de Toulouse] doit être mise en parallèle avec le nombre (quand il est connu) de condamnés pour hérésie par le Parlement de Toulouse de 1530 à 1560 : 22 condamnés originaires de Nîmes, 1 seul d’Alès, 1 seul d’Anduze, 68 condamnés de Toulouse, 36 du pays de Foix-Pamiers dont un de Lavelanet et un de Mirepoix, 18 de Villefranche-de-Lauragais, 37 condamnés originaires de l’Aude (dont 2 de Bram, 1 de Fanjeaux - G. de La Vaysse-, 5 de Limoux), 3 condamnés de Mazamet (dont 2 de la famille d’Hautpoul ), 19 du Biterrois !
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Jasmina31
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Re: Café de Rennes le Chateau:

Message par Jasmina31 »

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La liste des habitants de Genève et la liste des condamnés au Parlement de Toulouse changent d’évidence notre compréhension de l’apparition de la Réforme. Associée aux listes des patronymes cathares en arrière fond, c’est toute une physionomie, inconnue auparavant, qui offre des points communs, ainsi que des précisions irréductibles.
La famille anciennement cathare Hautpoul, importante au XVIe siècle, fut généralement connue, parmi l’aristocratie du Midi, comme engagée et virulente dans le catholicisme. En dehors des condamnations du Parlement que nous venons de mentionner, toutes deux en 1554, de Georges d’Hautpoul seigneur et baron d’Aussillon et de Germain d’Hautpoul seigneur de Villeneuve (inconnus de Gaston Tournier auteur de l’Histoire de l’Eglise Réformée de Mazamet, 1921), et par ailleurs d’une mention d’un « Haupol / d’Aupoul » en 1562 chez les protestants de Castres, puis, au XVIIe siècle, ainsi que d’une autre dans les registres de l’Eglise Réformée de Puylaurens, qui aurait pu découvrir cette tendance religieuse dissidente oubliée , car mal vue sous l’ancien régime, dans cette même famille ? Quel autre document, dans les archives de l’Ariège pourrait nous renseigner sur le protestant de Lavelanet et, dans celles de l’Aude, concernant les deux protestants de Fanjeaux (localité qui parut exempte de tentation protestante alors que sa voisine, Montréal-d’Aude, fut, un temps, bastion religionnaire)? Les d’Hautpoul sont aussi seigneurs de Brugairolles !
Comme l’a démontré Raymond Mentzer en 1984, s’il y eut plus du double d’Eglises protestantes dressées en Bas-Languedoc-Cévennes à la fin du XVIe et au XVIIe siècle qu’en Haut-Languedoc- ancien Pays cathare, le chiffre est inverse pour le nombre de condamnés avant 1560 : deux fois plus d’hérétiques pré-calvinistes ou luthériens condamnés dans l’ancien Pays cathare-Languedoc occidental (Haut-Languedoc) que du côté cévenol et rhodanien- Languedoc oriental(Bas-Languedoc). Si les historiens français avaient intégré cette découverte novatrice du grand seiziémiste américain, sans doute auraient-ils modéré leur sentiment de vide audois face à la Réforme, et se seraient-ils rendus moins injustes à l’égard de Prouzet. Si nous comparons la précieuse Histoire Générale du Languedoc des Dom Devic et Vaissete qui développe les conflits de 1530 à 1650, avec quelques publications plus récentes concernant le protestantisme français ( dépendant des Synodes provinciaux du XVIIe, ou décrivant la résistance au Désert pendant tout le XVIIIe siècle jusqu’à l’après révolution française), le contraste est frappant : c’est surtout du Haut- Languedoc dont il est question à travers les documents trouvés et classés par les savants Mauristes, et inversement, le Bas-Languedoc et les Cévennes pour les descriptions plus récentes.
Même remarque concernant Histoire des Martyrs, par Jean Crespin et ses continuateurs, plusieurs fois rééditée et révisée : 21 pages pour le Haut-Languedoc, seulement 4 pour la zone montpelliéraine, nîmoise et rhodanienne.
L’Histoire Ecclésiastique de Théodore de Bèze est encore plus explicite : 223 pages pour le Haut-Languedoc pour seulement 140 pages racontant l’histoire et les démêlés des protestants en Bas-Languedoc et en Comtat Venaissin, alors que Théodore de Bèze, successeur de Calvin, est très sensible à l’organisation ecclésiale de la Réforme, donc aux Eglises dressées plus nombreuses côté oriental du Midi languedocien.
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Jasmina31
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Re: Café de Rennes le Chateau:

Message par Jasmina31 »

Suite (je sais c'est long mais ça vaut vraiment le coup )
Le basculement protestant favorisant l’est du Languedoc peut s’expliquer :
-soit par les prédispositions du nouveau pouvoir depuis la croisade et l’Inquisition, de Carcassonne, d’Albi et de Toulouse, à l’unité hiérarchique et à la répression des hérésies,
-soit par les fluctuations politico-militaires favorisant une sorte de reconquista dans le sud-ouest, malgré un premier protestantisme, et par l’influence de l’Espagne là où elle est plus proche, plus menaçante ou capable d’influence .
La Réforme est prêchée dès 1520 à Toulouse, en 1527 par un cordelier à Castres, en 1531 par un disciple de Roussel à Carcassonne , en 1532 par un moine augustin à Nîmes, en 1537 par un carme à Montauban, en 1547 par un cordelier à Anduze.
1530-1555 : c’est le temps de l’humanisme luthéro-érasmien et aussi de la réapparition des bûchers (parmi tant d’autres : un prêtre de Montauban est brûlé à Montpellier, un prêtre cévenol est brûlé à Nîmes, un prédicant venu de Toulouse est pendu puis brûlé à Nîmes, un jacobin à Castres); petit à petit les conventicules secrets se structurent en Eglises organisées.
1551 : les visites pastorales catholiques à Pamiers, Lombez, Montauban et Agen concluent à l’absence d’hérétiques dans les diocèses respectifs. Silence complice ? Le moine visiteur à Montauban rejoindra lui-même la Réforme.
1539-1559 : les édits royaux se succèdent pour censurer les « blasphémateurs » !
1.5- Eglise d’en-haut, France d’en-bas !
1560 : Castres, Agen, Nîmes, Montpellier, Roquecourbe et Revel ont leurs pasteurs. Une dizaine d’Eglises se dressent pour desservir toutes les Cévennes. A Pamiers, Jeanne d’Albret participe à une sainte-Cène ! A Toulouse, bientôt une des premières Eglises de France, les cultes clandestins réunissent, la nuit, plusieurs centaines de personnes. Sur les listes de membres de l’Eglise réformée de Mazamet on trouve des habitants venus de la Montagne du Tarn mais aussi de l’actuel département de l’Aude : du Mas-Cabardès, de Montolieu, de Saissac, de Fontiers, de Caudrebronde, Lastours , Conques, Villegailhenc et Limoux !
Le Lauragais a la réputation de devenir tout protestant …Cf Mezeray considère, encore après la Saint-Barthélemy, le Lauragais comme presque tout huguenot ( Histoire de France, depuis Faramond jusqu’à maintenant…, T.1, 1643, p.27.) Le bourg de Verfeil etait protestant avant les victoires de la Ligue et Lanta avait envoyé des troupes en 1562 derrière Pierre Hunauld de Lanta !...
En Provence, malgré le massacre de 1545, les vaudois dressent des Eglises en Luberon puis, plus à l’est, jusqu’à Barcelonnette.
Une fièvre iconoclaste touche tout le Midi.
1561 : persécutés, les protestants de Carcassonne fuient vers Limoux et Castelnaudary ; sur la Montagne Noire, Saissac dresse son Eglise protestante ; la capitale du pastel, Castelnaudary, a son pasteur ; d’autres ministres sont nommés à Montauban puis Nègrepelisse, Caussade, Albias et Réalville, Lectoure, Lavaur, peut-être Villemur.
L’implantation du protestantisme dans le royaume désigne une zone, sorte de « croissant fertile », qui descend de la Saintonge et de Bordeaux en traçant un demi cercle en dessous du Massif Central pour remonter jusqu’à Genève et Lyon.
Le protestantisme, religion de la ville ou du bourg, toucherait plus les gens de commerce et les artisans que les laboureurs. Existent aussi un intérêt féminin et un intérêt étudiant pour la religion de Calvin. Les ministres de la religion nouvelle se partagent presque à égalité entre anciens membres du clergé catholique, et politiques, gens de la fonction publique.
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Judge Dredd
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Re: Café de Rennes le Chateau:

Message par Judge Dredd »

Par pitié Jasmina
Ne commencez pas l'année comme vous l'avez terminée
Cessez de tartiner des tonnes de copiés-collés
Un lien suffit puisque
Tout est pompé sur internet
Vos considérations sur l'affaire
Bien éloignées du coeur de cible
N'intéressent pas forcément tous les membres du forum
C'est définitivement hors sujet


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Jasmina31
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Re: Café de Rennes le Chateau:

Message par Jasmina31 »

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1562 : Puylaurens, Saint-Paul-et-Damiatte, Réalmont, Rabastens, Gaillac ont leurs pasteurs, ainsi que Arfons, Lautrec, Brassac, Vabres, Ferrières, Roquecourbe, Lombers… ; au synode de Castres est nommé un nouveau pasteur pour Carcassonne mais les protestants sont chassés de la ville ; par la même ruse les portes de Castelnaudary sont fermées à ceux qui reviennent d’un culte ; plus grave, à Toulouse, rude est l’échec des troupes protestantes commandées par Pierre Hunaud de Lanta devant les forces catholiques sous les ordres de Jean de Lévis de Mirepoix (les huguenots de la région sont les victimes de cet épisode : 1600 à 1800 condamnations du 25 mai au 17 décembre 1562, après les exécutions sommaires lors des 11 au 18 mai dans la ville et les collines environnantes) - les humanistes avaient fui Toulouse qui devient le symbole de la barbarie et de l’intolérance ; de même qu’à chaque 19 mars, jusqu’en 1695, les catholiques de Carcassonne célèbrent par des processions l’expulsion des huguenots de la ville, de même à Toulouse sont organisés de semblables évocations, ligueuses puis ultramontaines, chaque 17 mai, jusqu’en 1862 -…
1563-1565 : le catholicisme n’existe plus à Clairac, ni en Béarn, le jeune protestantisme pourtant subit déjà une sorte de reflux général, et ici et là, quelques reculs significatifs : le catholicisme réapparait à Nîmes.
1566 : les huguenots du Razès reçoivent un temps le soutien de leurs voisins du Pays de Foix. Plusieurs seigneurs protestants du Cabardès et du Minervois essayent vainement de reprendre Carcassonne ; ils font de nombreuses incursions de long de la vallée de l’Aude, dans la Montagne Noire et en Val de Dagne (entre Hautes Corbières et Montagne d’Alaric).
1568 : le capitaine Artigues parti de Castres prend Saissac ; Jean-Claude de Levis d’Audou, parti de Léran ou de Mazères, dévaste Mirepoix puis Tarascon et poursuit ses exactions jusqu’en Vicdessos -Le seigneur d’Audou (qui n’est pas cité dans l’Histoire Ecclésiastique de Théodore de Bèze et dessaisi de ses fonctions de gouverneur par Henri de Navarre en 1589 - Coligny ne voulut pas utiliser les troupes d’Audou : trop cruel ou trop compromis ?-) laissera un bien mauvais souvenir, défavorable à la Réforme, dans la conscience ariégeoise ! La légende protestante, pour sa part, explique les noms à consonance latine dans sa communauté comme provenant d’Italie -donc des vaudois- et pour les Albigeois que les d’Usson protestants sont issus de Quérigut et les d’Amboix de Larbont de la Catalogne cathare (cf. Alice Wemyss, Les protestants du Mas d’Azil, Toulouse 1961, p.18 et 24)-.
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Jasmina31
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Re: Café de Rennes le Chateau:

Message par Jasmina31 »

FIN
1568-1569 : deuxième large condamnation de protestants à Toulouse : 147 suspects sont taxés, puis surveillés. Au moment d’être emprisonnés, la moitié des poursuivis avait quitté la ville.
1572 : Saint-Barthélémy parisienne puis dans certaines villes du Midi. Les protestants de Montpellier se réfugient dans les Cévennes. Inquiets, les notables huguenots de La Rochelle, Montauban, Millau se fédèrent dans un quasi état désigné par les historiens Jean Delumeau et Janine Garrisson comme le pendant sudiste ou méditerranéen des provinces hollandaises libérées du joug espagnol : « les provinces unies du Midi » ! Certaines institutions (les chambres « mi-partie » par exemple) et pratiques (solidarités entre certains catholiques et protestants) annoncent ce qui sera codifié par l’Edit de Nantes. Les assemblées provinciales se réunissent à côté des Synodes religieux. Or les protestants du nord de la France ne peuvent profiter de ce nouveau statut, ceux du « Pays cathare » (Aude et Toulousain) non plus ! L’exception ouest-languedocienne vis-à-vis de la quasi république du Midi s’explique par la double influence des Joyeuse, vicomte, grands ecclésiastiques, ou Lieutenant du Roi en Languedoc, d’un côté et de Montmonrency de l’autre. Le duc de Joyeuse, baron d’Arques, issu des Voisins, ancienne famille de croisés installée dans le Midi, géographiquement proche de la Catalogne, se rapproche de Philippe II d’Espagne et prépare les combats de la Ligue (héritière tout autant de Simon de Montfort que des rois catholiques). Henri de Montmorency-Damville, après avoir combattu du coté catholique, rejoint l’Union et Henri de Navarre. Il accepte mal de dépendre de quelque pouvoir fédéral des assemblées électives ; son combat est celui de l’ancien monde seigneurial et chevaleresque : en Biterrois, en Comminges, en Hautes Corbières, le long de l’Aude et dans la Montagne Noire on restera violent !
Les nœuds ou entrelacs complexifient les identifications : Jean-Claude de Levis baron d’Audou, gouverneur du pays de Foix, descendant des croisés et pourtant protestant, contre exemple notoire de la filiation inter-hérétique, trahit son camp en cherchant à négocier avec Philippe II, après avoir brûlé Alet où se cachaient les protestants du Razès - Ce qui surprit les espagnols. Cf. Serge Brunet, « De l’Espagnol dedans le Ventre ! » Les catholiques du Sud-Ouest de la France face à la Réforme (vers 1540-1589), Paris 2007, p 593, n°168. Prouzet, non informé par les sources espagnoles, attribue le massacre des protestants d’Alet, réfugiés de Montréal et de Brugairolles, en février 1585, aux catholiques de Joyeuse (op.cit. p.82)-. Faire référence au Midi rebelle nécessite une connaissance des réactions préparées et ensuite suscitées ; du recul apporté par la mémoire des lieux et des choses.., et ensuite, seulement, la capacité de discerner l’imprévu. Le pays huguenot fut aussi, ultérieurement, celui des missions frontales des jésuites ou peut être plus efficaces crypto-calvinistes jansénistes. Quelques siècles auparavant, le pays cathare avait été, malheureusement, aussi et peut être surtout, pays des croisés et territoire pour l’Inquisition.
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