
Un petit morceau de papyrus tout d'un coup célèbre. - (AFP)
La découverte d'un ancien papyrus copte parlant de l'épouse du Christ est jugée avec grand scepticisme au Vatican et par les historiens.
Karen King, une professeur américaine, a fait sensation à Rome en dévoilant un ancien papyrus du IVe siècle, de 3,8 sur 7,6 cm, sur lequel étaient écrits les mots en langue copte : « Jésus leur a dit, ma femme ». Lors d'un congrès sur les études coptes, elle en a tiré l'hypothèse que certains des premiers chrétiens croyaient que Jésus était marié.
Cette petite phrase « ne prouve pas que Jésus était marié », a-t-elle ajouté, mais elle laisse cependant entendre que la question à l'époque se posait, alors que « la tradition chrétienne a considéré comme acquis le fait que Jésus n'était pas marié ». Mais Karen King a elle-même invité à la prudence : « Le jugement final quant à la véracité de ce document dépend d'un examen plus approfondi et d'autres tests sur la composition de l'encre. »
Le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, tout en se refusant à empiéter sur les compétences des historiens, a remarqué qu'« on ne savait pas bien d'où venait ce petit morceau de parchemin ». « Mais cela ne change rien à la position de l'Église qui repose sur une tradition énorme, très claire et unanime », selon lequel le Christ n'était pas marié. Il « ne change rien à la vision du Christ et des évangiles. Ce n'est pas un événement qui a une quelconque influence sur la doctrine catholique », a-t-il dit.
Et dans les langues sémitiques de l'époque, « femme ne veut pas dire forcément épouse », note Jacques-Noël Perès, professeur à la Faculté protestante de Paris.
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Commerce de faux ?
Directeur de l'Osservatore Romano, le professeur Giovanni Maria Vian, lui-même historien spécialiste de l'Église ancienne, a des doutes sur l'authenticité de cette petite pièce, qui pourrait être un faux présenté comme vrai pour être mieux vendu, étant donné « le thème qui suscite l'intérêt populaire ». Il pourrait aussi s'agir, selon lui, d'un fragment d'évangile apocryphe d'inspiration gnostique, dont des pièces étaient alors transmises en langue copte. Les évangiles apocryphes, qui se présentaient comme venant de personnes de l'entourage de Jésus, avaient fleuri dans les premiers siècles du christianisme, et racontant toutes sortes de prodiges sur Jésus.